Rapport du GEEC - 1150 logements ça ne passe pas - suite...
Les experts du GEEC ont rendu leur rapport le 11 mars en le drapant de la toge unversitaire pour le marquer d'un sceau afin de le rendre incontestable. Ce tampon est-il suffisant ? A l'évidence, non !
Nous avons relevé dans un article précédent, les approximations et survols du travail des experts, l'investissement à géométrie variable de certains experts, se traduisant, parfois, par un simple énoncé de grandes généralités et d'affirmations non démontrées voire manifestement dogmatiques. Le paroxysme est atteint en page 27, avec une liste de conseils juridiques pour "lui permettre d'éviter la censure du juge administratif".
D'autres thèmes traités, traduisent une réflexion plus aboutie et un travail de fond de certains experts dans leur discipline. Ainsi les réfléxions du GEEC s'inscrivent dans la mise en perspective de l'aménagement des Vaîtes avec les conséquences du changement climatique en cours et à horizon de 20 ans, 30 ans, 40 ans. En prenant en considération l'augmentation des températures et "les canicules style 2003 vont se multiplier, vont probablement devenir la norme en été. Et puis aussi les précipitations violentes, nous sommes dans un vallon, un hydrosystème où l'eau à un rôle important." L'évacuation prévue pour les eaux de ruissellement pourrait s'avérer rapidement insuffisante, ne répondant pas ainsi aux risques d'innondations. Autant de sujets qui ont été traités avec légèreté par l'équipe municipale précédente et par l'aménageur.
Les experts du GEEC relèvent que le postulat posé par l'ancienne équipe municipale d'un besoin de 10 000 logements d'ici 2030 n'est pas documenté dans les documents de la Mairie. Et pour cause, toutes les études de la DREAL et de l'INSEE attestent que ce chiffres est gonflé aux emphétamines. Sauf à découvrir un gisement extraordinaire d'emplois à Besançon, toutes les études montrent que le besoin de logements est inférieur à 5000 logements. Dommage que la Mairie ait réussi à tromper le Conseil d'Etat sur ce point (CE 3 juillet 2020).
Le GEEC valide l'utilité de construire des logements à Besançon, "la diminution globale de la taille des ménages nécessite plus de logements". La toge universitaire dont ils drapent leur rapport aurait dû les conduire à nuancer cette affirmation en tenant compte des études de l'INSEE, illustrant la forte baisse de la taille des ménages jusqu'en 2007, mais une quasi stagnation depuis 2007. Le nombre de personnes par ménage est passé de plus de 3 en 1968, à moins de 2 en 2007, il ne faut vraiment pas avoir les pieds sur terre pour projeter la diminution de la taille des ménages beaucoup plus loin encore ! La taille moyenne d'un ménage peut-elle aller jusqu'à une personne par ménage ? 🤡 Cela signifierait qu'il n'y aurait plus aucun couple, plus aucun enfant et donc rapidement une baisse de la population. Cette baisse de la population à Besançon est déjà une réalité, la population bisontine est passée de 118 836 (2007) à 115 934 (2017). Les naissances enregistrent un mouvement de baisse s'accentuant, à Besançon, de 2015 à 2019. Le recul de la population active, moteur de la demande de logements est en forte baisse de 2007 à 2017 (83 045 / 77 756).
Mais les experts du GEEC relèvent que la rénovation des logements dégradés au centre ville ne semble pas être intégrée dans les estimations réalisées par la mairie pour combler les besoins de logements.
Ils relèvent que "le juge considère qu'il n'a pas été démontré par la commune qu'aucun autre site à proximité du centre-ville de Besançon ne permettrait d'atteindre le même objectif." "Il manque ainsi une réfléxion à l'échelle de l'ensemble de la ville permetttant [...] de répartir plus équitablement une partie de ces 1150 logements sur d'autres sites." Ils préconisent explicitement "d'alléger le projet".
Les experts relèvent la qualité des terres. "on ne peut donc que s'étonner que la destruction de 15 ha de terres à potentiel agricole n'ait pas été plus argumentée dans le contexte actuel où la disparition du patrimoine agronomique et/ou sa dégradation qualitative est au coeur des grands enjeux environnementaux nationaux". Ils indiquent dans leurs conclusions que "la tradition maraîchère devrait être conservée, encouragée et accompagnée. Les jardins devraient aussi être conservés à condition qu'un accompagnement (associations, ville...) soit mis en place pour les rendre attractifs."
Le GEEC observe qu'"au-delà de certaines atteintes au milieu naturel, la mobilisation des habitants, des jeunes et des riverains des Vaîtes témoigne d'un attachement perceptible à l'accès à la nature, à ses friches, à ses jardins et ses forêts, soit un patrimoine commun et sans doute un espace d'ouverture vers la liberté pour s'évader ou s'émanciper du quotidien et de ses contraintes. Ces formes d'usages signalent une attention voire une vigilance pour des habitants qui n'entendent pas être déposssédés de ce qui fait partie d'un bien vivre aux Vaîtes." Ils relèvent les expressions "petit paradis", "un coin de campagne dans la ville" couramment exprimés pour qualifier les Vaîtes.
"C'est le cas pour des jardins dont l'attrait renouvelé rend compte du besoin de lien social à la nature par un travail de la terre, l'entretien des plants et le partage des récoltes. Cette socialisation discrète renvoie à un bien vivre ensemble immanent qui repose également sur ces liens renoués avec la nature et par ce biais, aux autres humains et non-humains."
Après une politique descendante verticale largement pratiquée par l'ancienne municipalité, les experts préconisent une démarche bottom-up, une coopération appelant "une adaptation de certaines actions". [...] Tenir compte des manières d'habiter des personnes pour fabriquer et/ou sauvegarder". Ils suggèrent d"inviter des jeunes (étudiants, lycéens...) à mener des projets collectifs et de prendre leur part dans l'accompagnement d'actions en émergence."
Ils proposent 3 pistes d'actions concrètes : "un plan de gestion écologique de la biodiversité ordinaire, le développement d'une zone maraîchère pour l'approvisionnement local en produits frais (école-jardin ou jardin d'insertion), enfin un projet solidaire (restauration solidaire, jardins partagés) confié à une ou des association (s)."
Les pro-béton, tels les communistes, Mme Nathalie BOUVET, Mme Karima ROCHDI et M Laurent CROIZIER et l'équipe autour de M Nicolas BODIN, qui soutenaient le projet actuel, qui a commencé le saccage du quartier, ne pourront donc pas poursuivre leur oeuvre dont la copie est désormais à revoir.
Reste à voir si Mme la Maire réussira à porter un projet de qualité et respectueux dans les faits, quand son prédécesseur s'en tenait à des paroles, des paroles, des paroles.