Bientôt des Sovkhozes à Besançon ?
Jeudi 19 novembre, un groupe de maraîchers s'est réuni avec plusieurs représentants de l'association les Vaîtes. Objet de cette réunion... pas le beaujolais nouveau, mais de curieuses visites de représentants de la Mairie auprès de ces maraichers.
Tout a commencé mardi 10 nov. quand M MARTZLOFF est venu rencontrer les maraîchers, Christian et Chantal JOBARD, avec M GOVIGNAUX et une personne de la CAGB. L'entretien s'est plutôt bien déroulé, les représentants de la CAGB et de la Mairie se sont contentés d'exposer leur projet, de montrer leurs plans, d'écouter et de prendre note des remarques.
Ils ont notamment pris acte de la demande de déplacer de quelques mètres le tram qui devrait passer à 3 mètres de la maison ROUSSEY et de la maison JOBARD, alors qu'en le reculant de quelques mètres, il passerait sur un champ.
Vendredi 13 nov, Messieurs GRETHER, GOVIGNAUX et BION du Service Urbanisme ont rencontré plusieurs maraîchers : Jeannot et Michel SAVONET, Pierre COURBET, et Christian et Chantal JOBARD.
Un exploitant maraîcher de 59 ans leur a exposé que sa maigre retraite agricole ne lui suffirait pas pour vivre et qu'il serait obligé de continuer. Que sa terre, c'est le seul patrimoine qui lui restera afin de pouvoir ensuite compléter sa retraite agricole.
A un autre exploitant à la retraite, les visiteurs ont indiqué oralement (pour la première fois depuis le début du projet des Vaîtes) que la Mairie souhaitait acquérir la totalité de ses biens : maison d'habitation + terrain d'exploitation.
La maison serait achetée au prix du marché, mais la personne du service urbanisme s'est empressée d'ajouter que le terrain sera acheté au prix auquel la Mairie a exproprié des terrains dans le quartier de St Claude. (Soit environ 6 €/m2). Un observateur naïf pourrait considérer que la Mairie serait en train de doubler son prix d'achat par rapport au prix de 3.81 €/m2 qu'elle a proposé en 2005...
Le maraîcher ne l'a pas entendu comme cela et a répondu : "vous plaisantez ?"
Réponse de la personne de l'urbanisme : "Non, nous avons exproprié du terrain à St Claude à ce prix"...
Révolté et écoeuré, le maraîcher a lancé à l'intention du fonctionnaire :"vous êtes payé comme il faut. Le gars qui viendra faire la route sera également payé comme il le faut. Celui qui viendra faire l'assainissement également. Alors le seul pauvre c... qui ne sera pas payé... c'est moi, de mon terrain pourtant parfaitement entretenu et en bordure de la route".
Le trio s'est rendu sur l'exploitation horticole de Christian et Chantal JOBARD. Le même fonctionnaire a indiqué que la Mairie leur achètera leur terrain et leur propose de les déplacer à quelques dizaines de mètres sur un terrain où ils seront locataires de la Mairie. Ils sont aujourd'hui propriétaires de leur exploitation agricole et de leurs terrains maraîchers ; ils deviendraient locataires demain !
Au prix d'achat de 6 € le m2, avec un peu de chance, la Mairie pourrait même avoir un retour sur investissement très rapide de son nouveau locataire. La Mairie de Besançon réinventera-t-elle les sovkhoses ? - exploitations agricoles de l'Etat soviétique dont les fermes appartenaient à l'Etat.
Les maraîchers sont peut-être des paysans, mais contrairement aux gens de la ville, les paysans savent se serrer les coudes et surtout se parler dans la difficulté. Ils se sont réunis jeudi 19 novembre et se sont rendu compte que la Mairie venait les rencontrer individuellement alors que la Mairie est toute puissante.
Bien résolus à ne pas se faire spolier de leur terrain, ils ont décidé de jouer collectif. Si la Mairie demande à les rencontrer, il faudra désormais que la Mairie discute avec la communauté des maraîchers assistée de représentants de l'association les Vaîtes.
Un peu comme les manchots se regroupant afin de se protéger de l'agression du froid...