Le rapport du GEEC : 1150 logements aux Vaîtes, ca ne passe pas !
Le GEEC constitué par Mme la Maire, le 29 janvier, vient de rendre son rapport : 67 pages plus des annexes. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'aucune connivence réciproque n'a caractérisé les relations entre l'association les Vaîtes et le Président du GEEC.
3 échanges de courriels polis mais plutôt aigre-doux, un refus ferme du GEEC de rencontrer quinconque, une contribution de notre part, de 24 pages, adressée le 12 janvier + une seconde contribution de 8 pages, adressée le 3 mars, mais non prise en compte, sans aucune réponse du GEEC. Nous saluons toutefois, la courtoisie de M Hervé RICHARD qui nous a spontanément adressé le rapport du GEEC, le 12 mars.
Ce rapport rédigé par des experts universitaires, dont plusieurs sont en situation de proximité avec le Conseil municipal, pouvait difficilement être radical. La mission du GEEC était encadrée, la démarche et la mesure universitaire caractérise le travail des experts mais force est de constater que les membres pro-béton, du Conseil municipal vont avoir l'estomac retourné à la lecture de ce rapport. Tels les communistes, tels Mme Nathalie BOUVET, Mme Karima ROCHDI et M Laurent CROIZIER, et plus sournoisement, l'équipe autour de M Nicolas BODIN. Ces pro-bétons avaleront de travers la conclusion du rapport du GEEC, et notamment les extraits suivants.
On retrouve de nombreuses idées que nous avons développées depuis 2005, mais auxquelles, l'équipe FOUSSERET avait répondu par le dénigrement et l'infantilisation en considérant que nous ne comprenions rien. Certes nos développements n'étaient pas aussi étayés et complets que certains points du rapport du GEEC qui suivent.
La démarche universitaire de ce rapport n'est pas toujours rigoureuse comme en attestent certaines inexactitudes montrant que les experts ont survolé certains aspects. Par exemple, ils attribuent le site www.lesvaites.com à l'association des jardins des Vaîtes (p22), et s'ils présentent des photographies remontant à 1956 pour illustrer un historique de la roselière, les experts font une erreur grossière concernant le projet initial, lancé en 2005. Ce n'était pas 1150 logements qui étaient prévus, mais 2000 logements (p57) ! Ces inexactitudes et survols de la part des experts, nous interpellent lorsqu'ils se permettent des affirmations péreemptoires, remettant en question plusieurs observations et constats réalisés, par des bureaux d'études spécialisés, de présence de certaines espèces animales. Certains aspects du rapport s'avèrent très complets, d'autres sont traités avec légèreté, se contentant d'affirmations non démontrées, voire manifestement dogmatiques, reflètant ainsi un investissement à géométrie variable entre experts apportant leur concours sur les sujets relevant de leur compétence.
"L’ambition de « mixité sociale » du projet d’écoquartier des Vaîtes ne résout pas toutes les questions que pose son ancrage local, que ce soit par rapport aux expropriations entreprises, aux réticences et résistances opposées, ou à l’état réel des besoins résidentiels.
Du point de vue juridique, l’essentiel de la discussion concernant la faisabilité du projet sur le site des Vaîtes se concentre dans la justification de la décision de dérogation aux arrêtés de protection des espèces et habitats fragiles. En l’état, et sachant que la procédure juridictionnelle n’en est en réalité qu’à son commencement, le juge retient que le projet de construction répond à une raison impérative d’intérêt public majeur, au motif que le besoin en habitat de la ville de Besançon n’est pas satisfait par les projets en cours. Toutefois, le juge considère qu’il n’a pas été démontré par la commune qu’aucun autre site à proximité du centre-ville de Besançon ne permettrait d’atteindre le même objectif.
Si le projet devait être maintenu, une étude de densité portant sur l’ensemble de l’agglomération et intégrant la reconversion urbaine, la division parcellaire et la surélévation, devrait être faite. Cette étude devra être réalisée même si les autres préconisations du rapport devaient être prises en compte pour modifier et alléger le projet, car la problématique juridique restera identique. Dans le même sens, les mesures spécifiques d’évitement et de réduction, voire de compensation (dites ERC) de l’impact des travaux et des aménagements ne sont pas suffisamment explicites dans le projet. Il manque ainsi une réflexion à l’échelle de l’ensemble de la ville permettant par exemple d’échelonner en plusieurs phases les constructions sur le site des Vaîtes et/ou de répartir plus équitablement une partie de ces 1150 logements sur d’autres sites.
Du point de vue environnemental, l’enjeu n’apparaît pas ici en termes d’espèces ou d’habitats naturels remarquables au regard des sites naturels recensés en Bourgogne-Franche-Comté (espèces protégées, en liste rouge nationale ou régionale, habitats d’intérêt communautaire, réserves naturelles, sites Natura 2000...), mais plutôt en termes d’intégration de la nature ordinaire dans la vie sociale (jardins familiaux et exploitations agricoles de maraîchage) et de liens entre la ville et ses collines alentours (forêts, prés-vergers, prairies bocagères, murgers...). Dans ce sens, la tradition maraîchère devrait être conservée, encouragée et accompagnée." [...]
"L’enjeu est ici de transformer un territoire devenu un lieu d’inquiétude, de crispation sociale et politique en une opportunité d’expérimentation d’une véritable transition socio-écologique.
La démarche jusqu’alors mise en place paraît enfermée dans un schéma top/down, donnant un sentiment d’injonction sur le terrain. Un changement de posture mettant en place des actions bottom-up par la recherche de dialogue, une co-gouvernance entre élus, professionnels du terrain et habitants/usagers pour des modalités de coopération sur le terrain serait une marque de rupture pour un changement vers une démarche de recherche-action et de participation. Cette démarche concertée et participative attentive aux attentes et au bien-être des habitants, des jeunes et des riverains devrait être rapidement engagée.
Trois pistes d’actions concrètes pourraient être envisagées : un plan de gestion écologique de la biodiversité ordinaire, le développement d’une zone maraîchère pour l’approvisionnement local en produits frais (école-jardin ou jardin d’insertion), enfin un projet solidaire (restauration solidaire, jardins partagés) confié à une ou des association(s). Ce pourrait être aussi l’occasion de donner des perspectives d’avenir aux jeunes en confiant par exemple à des lycéens ou des étudiants la faisabilité d’un projet en économie sociale et solidaire."
"Le changement climatique en cours doit nous amener à inscrire de tels projets d’aménagement dans les conditions climatiques attendues pour les prochaines années de façon à évaluerleur pertinence dansla protection des populations et des écosystèmes. La région de Besançon devra faire face, comme tout le quart nord-est de la France, à une intensification des épisodes de fortes précipitations ainsi que des vagues de chaleur en été, telles que celles observées en 2003, avec asséchement des rivières, déficit hydrique des sols et stress thermique associé des végétaux. Les données disponibles pour la région de Besançon et pour le site des Vaîtes mettent déjà en évidence l’intérêt de zones végétalisées qui atténuent localement les températures de surface, donc les apports de chaleur à l’atmosphère urbaine, et contribuent aussi certainement à réduire l’effet d’îlot de chaleur induit par le milieu urbain en cas de canicules. Les études menées confirment, comme dans plusieurs villes du monde, l’intérêt de maintenir et de développer (en surface et en type de végétation) ces zones végétalisées."
"Il apparaît que, par ses caractéristiques géomorphologiques et géologiques, le vallon des Vaîtes est un hydrosystème favorable à la restitution superficielle des eaux de pluie au détriment de l’infiltration verticale vers le sous-sol. La vulnérabilité du vallon aux inondations d’origine pluviale est donc importante, et susceptible d’être aggravée par les ruissellements provoqués par le scellement des surfaces concernées par les constructions d’habitats et de voiries. Bien que vertueux sur le plan environnemental, les dispositifs de gestion des eaux superficielles et pluviales proposés (infiltration à la parcelle et dispositif de noues) ne semblent pas suffisamment dimensionnés ni adaptés pour une totale maîtrise des risques d’inondations. Les dimensionnements modélisés à partir de probabilités de retour de pluie ou de débit calculées sur la base des décennies passées, même s’ils répondent aux attentes réglementaires actuelles, nous paraissent insuffisants." [...]
"Dans le contexte actuel où la disparition du patrimoine sol et/ou sa dégradation qualitative est au cœur des grands enjeux environnementaux nationaux, la conversion de 15 à 20 ha de terres à potentiel agricole en espaces à usage urbain interroge. Au regard de la superficie engagée et de l’histoire agricole du vallon des Vaîtes, une étude spécifique évaluant la qualité agronomique des sols nous semble indispensable pour optimiser les différents usages des sols prévus dans l’aménagement du quartier et valoriser au mieux le potentiel disponible."
Nous aurions préféré des conclusions plus courageuses et affirmées en regard des constats, des nombreuses critiques et points d'attentions relevés par le GEEC. Il n'empêche, ce rapport nourrit les fondements des puissants leviers de contestations du projet d'urbanisation. En somme, les constats mais timorés dans les conclusions...
Fallait-il s'attendre à autre chose de la part de ce GEEC ? Oui, le cadre de leur mission, les liens des experts avec la mairie voire pour certains une dépendance, nous faisaient redouter un rapport plus complaisant. En ce sens, ce rapport exprime une forme d'indépendance des experts, lorsqu'ils s'expriment sur certains thèmes, mais tempérée par les décisions entre-deux, qu'il induit. Des décisions, certes, améliorant le projet d'urbanisation, mais sans qu'elles soient radicales. Et pourtant de nombreux constats et interrogations sur le projet sont explicites. Les experts auraient-ils voulu fournir, par leur rapport, de solides arguments pouvant être utilisés devant la justice ?
Le grand danger réside dans l'étape suivante. Nous reviendrons prochainement sur l'étape suivante et en quoi elle nous paraît tronquée et dangereuse.
Vous trouverez le texte intégral du rapport du GEEC en cliquant sur le lien ci-dessous :
https://filesender.renater.fr/?s=download&token=292c8933-8189-406c-9e07-91fe38c9d57f